viernes, 10 de agosto de 2012

La luz de las luciérnagas

(poema dedicado)

Ahora que te escondes en las fotos,
desprovisto de gestos y derrotas,
donde no hay cuentos de madrastras
ni padre ausente o madre muerta.


Ahora que todo es germen en tus manos,
en la vida de la alfombra,
en el semblante de la luz.


En el encuadre

Ahora que haces magia
aunque solo vives en un nombre,
y tu sonrisa tiene la proporción exacta
de matices y textura.


Ahora, desde la mesita del recibidor,
con clamor callado,
me miras cada mañana

como si el mundo no existiera.

©Pilar Fernández Bravo
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lunes, 6 de agosto de 2012

Palabras sin costuras


cuando más lo necesito

siempre encuentro un  jardín

en tus palabras
          


©Pilar Fernández Bravo

viernes, 3 de agosto de 2012

Charles Baudelaire, poeta maldito.


Estos días he releído la primera edición de Les fleurs du mal de Baudelaire -que él concibió como un poema único, que debía ser  leído y juzgado en su conjunto-, y me he reencontrado con algunas joyas. 
Para recordar.

         IV CORRESPONDANCES

    La Nature est un temple où de vivants piliers
    Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
    L'homme y passe à travers des forêts de symboles
    Qui l'observent avec des regards familiers.
   
   
    Comme de longs échos qui de loin se confondent,
    Dans une ténébreuse et profonde unité,
    Vaste comme la nuit et comme la clarté,
    Les parfums, les couleurs et. les sons se répondent.
   
   
   
    Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
    Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
    — Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,
   
   
    Ayant l'expansion des choses infinies,
    Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
    Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.

          V

    J'aime le souvenir de ces époques nues,
    Dont le soleil se plaît à dorer les statues.
    Alors l'homme et la femme en leur agilité
    Jouissaient sans mensonge et sans anxiété,
    Et, le ciel amoureux leur caressant l'échine,
    Exerçaient la santé de leur noble machine.
    Cybèle alors, fertile en produits généreux,
    Ne trouvait point ses fils un poids trop onéreux,
    Mais, louve au cœur gonflé de tendresses communes,
    Abreuvait l'univers à ses tétines brunes.
    L'homme élégant, robuste et fort, avait le droit
    D'être fier des beautés dont il était le roi,
    Fruits purs de tout outrage et vierges de gerçures,
    Dont la chair lisse et ferme appelait les morsures !
   
   
   
    Le poète aujourd'hui, quand il veut concevoir
    Ces natives grandeurs, aux lieux où se font voir
    La nudité de l'homme et celle de la femme,
    Sent un froid ténébreux envelopper son âme
    A l'aspect du tableau plein d'épouvantement
    Des monstruosités que voile un vêtement ;
    Des visages manqués et plus laids que des masques ;
    De tous ces pauvres corps, maigres, ventrus ou flasques,
    Que le Dieu de l'utile, implacable et serein,
    Enfants, emmaillotta dans ses langes d'airain ;
    De ces femmes, hélas ! pâles comme des cierges,
    Que ronge et que nourrit la honte, et de ces vierges
    Du vice maternel traînant l'hérédité
    Et toutes les hideurs de la fécondité !
   
   
    Nous avons, il est vrai, nations corrompues,
    Aux peuples anciens des beautés inconnues :
    Des visages rongés par les chancres du cœur,
    Et comme qui dirait des beautés de langueur ;
    Mais ces inventions de nos muses tardives
    N'empêcheront jamais les races maladives
    De rendre à la jeunesse un hommage profond,
    — A la sainte jeunesse, à l'air simple, au doux front,
    A l'œil limpide et clair ainsi qu'une eau courante,
    Et qui va répandant sur tout, insouciante
    Comme l'azur du ciel, les oiseaux et les fleurs,
    Ses parfums, ses chansons et ses douces chaleurs !

                     VI LES PHARES

     Rubens, fleuve d'oubli, jardin de la paresse,
    Oreiller de chair fraîche où l'on ne peut aimer,
    Mais où la vie afflue et s'agite sans cesse,
    Comme l'air dans le ciel et la mer dans la mer ;
   
   
    Léonard de Vinci, — miroir profond et sombre,
    Où des anges charmants, avec un doux souris
    Tout chargé de mystère, apparaissent à l'ombre
    Des glaciers et des pins qui ferment leur pays ;
   
   
   
    Rembrandt, — triste hôpital tout rempli de murmures,
    Et d'un grand crucifix décoré seulement,
    Où la prière en pleurs s'exhale des ordures,
    Et d'un rayon d'hiver traversé brusquement ;
   
   
    Michel-Ange, — lieu vague où l'on voit des Hercules
    Se mêler à des Christs, et se lever tout droits
    Des fantômes puissants, qui dans les crépuscules
    Déchirent leur suaire en étirant leurs doigts ;
   
   
    Colères de boxeur, impudences de faune,
    Toi qui sus ramasser la beauté des goujats,
    Grand cœur gonflé d'orgueil, homme débile et jaune,
    Puget, mélancolique empereur des forçats ;
   
   
    Watteau, — ce carnaval, où bien des cœurs illustres,
    Comme des papillons, errent en flamboyant,
    Décors frais et légers éclairés par des lustres
    Qui versent la folie à ce bal tournoyant ;
   
   
    Goya, — cauchemar plein de choses inconnues,
    De fœtus qu'on fait cuire au milieu des sabbats,
    De vieilles au miroir et d'enfants toutes nues
    Pour tenter les Démons ajustant bien leurs bas ;
   
   
    Delacroix, — lac de sang hanté des mauvais anges,
    Ombragé par un bois de sapins toujours vert,
    Où, sous un ciel chagrin, des fanfares étranges
    Passent, comme un soupir étouffé de Weber ;
   
   
   
    Ces malédictions, ces blasphèmes, ces plaintes,
    Ces extases, ces cris, ces pleurs, ces .
    Sont un écho redit par mille labyrinthes ;
    C'est pour les cœurs mortels un divin opium.
   
   
    C'est un cri répété par mille sentinelles,
    Un ordre renvoyé par mille porte-voix ;
    C'est un phare allumé sur mille citadelles,
    Un appel de chasseurs perdus dans les grands bois !
   
   
    Car c'est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage
    Que nous puissions donner de notre dignité
    Que ce long hurlement qui roule d'âge en âge,
    Et vient mourir au bord de votre éternité !

          X L´ENNEMI

      Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,
    Traversé çà et là par de brillants soleils ;
    Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage
    Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
   
   
    Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
    Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
    Pour rassembler à neuf les terres inondées,
    Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.
   
   
   
    Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
    Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
    Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?
   
   
    —O douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie,
    Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le cœur
    Du sang que nous perdons croît et se fortifie !

               XII LA VIE ANTÉRIEURE

     J'ai long-temps habité sous de vastes portiques
    Que les soleils marins teignaient de mille feux,
    Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
    Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
   
   
    Les houles, en roulant les images des cieux,
    Mêlaient d'une façon solennelle et mystique
    Les tout puissants accords de leur riche musique
    Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.
   
   
   
    C'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes,
    Au milieu de l'azur, des flots et des splendeurs,
    Et des esclaves nus, tout imprégnés d'odeurs,
   
   
    Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
    Et dont l'unique soin était d'approfondir
    Le secret douloureux qui me faisait languir.

           XIV L´HOMME ET LA MER
    Homme libre, toujours tu chériras la mer !
    La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
    Dans le déroulement infini de sa lame,
    Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
   
   
    Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
    Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
    Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
    Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
   
   
   
    Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets ;
    Homme, nul ne connaît le fond de tes abîmes ;
    O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
    Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
   
   
    Et cependant voilà des siècles innombrables
    Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
    Tellement vous aimez le carnage et la mort,
    O lutteurs éternels, ô frères implacables !

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